Pour la 4e soirée de concert du festival jazz à Ouaga, deux styles de jazz différents ont été servi au public du grand Méliès de l’Institut français de Ouagadougou : la musique française en jazz produite par le groupe « L’Ame des poètes » et la musique vodou en jazz jouée par le béninois John Arcadius Sextet et son équipe. Deux expressions de deux cultures qui ont comblé les gouts des amateurs de cette musique.
« Il est temps, de désacraliser la musique traditionnelle » a noté John Arcadius Sextet à son entrée sur scène. Après avoir emballé le public par un mélange d’influences africaines et latines, teinté de blues et de pop accompagné des chants en langue fon, le béninois a ensuite distillé un autre aspect de son art. La musique Vodou en jazz. « N’ayez pas peur, les poulets ne vont pas tomber » a signifié l’artiste au public avant de les plonger dans l’univers de la musique vodou.
Après 4 minutes environ de vocalisation de mots en fon accompagnée de flute, l’immersion arrive à son terme. « Le voyage s’est-il bien passé ? » demande-t-il aux spectateurs. Pendant plus de 2H, John Arcadius Sextet et son groupe présent à Jazz à Ouaga grâce à la maison « Laboratorio music » ont fait corps avec leurs instruments donnant du plaisir aux amateurs du jazz. « J’ai beaucoup apprécié la cohésion entre les artistes, le rythme et la douceur des chansons » a déclaré O. Barbara, une spectatrice.
Avant John Arcadius Sextet, c’est le groupe « l’âme des poètes » qui a tenu en haleine les mélomanes. Ce groupe a une spécificité : il explore le répertoire des grands standards de la chanson française pour en livrer des versions instrumentales pleines d’émotion, de créativité et d’humour. « Nous nous sommes engagés à faire de la musique jazz à partir des œuvres des artistes français comme le fond nos amis américains» a martelé l’un des membres, Jean-Louis Rassinfosse, contrebassiste à la sonorité tellurique et à l’humour dévastateur. « Nous avions 384 volumes en ce moment et 6 sont déjà sortis. Pour ceux qui souhaitent avoir les autres volumes, ils devront commencer à s’inscrire dès maintenant. Nous nous engageons avec nos enfants, nos petits enfants à vous les envoyer ou à envoyer à vos enfants ou à vos petits-enfants » s’adresse-t-il au public avec un air d’humour.
L’âme des poètes, le nom de leur premier album et qui leur est resté coller à la peau a séduit le public à travers des improvisations, des swings et surtout le dialogue entre instruments. Et comme Jazz à Ouaga, ce groupe fête cette année ses 20 ans d’existence. Une expérience qu’il a mise à profit pour répondre au goût avant-gardiste ou classique du public jazz ouagalais.
Jean-Baptiste Dipama